SOUVENIRS

 

 

 

SOUVENIRS

 

 

Ses cheveux festonnés, tout comme une dentelle,

Ornant son front spacieux, Ô ciel ! Qu’elle était belle !

Sur son visage clair, tendre comme une rose,

Que, très soigneusement, décoraient ses joues roses,

Ses merveilleux yeux verts, couleur de l’espérance,

Reflétaient l’amitié, le bonheur, la confiance.

 

Comme on aime une sœur dont on est la cadette,

Quand je la rencontrais, mon cœur était en fête,

On s’aimait simplement, d’une amitié sincère,

Sans heurts, sans jalousie. Elle n’était pas fière.

S’avouant, toutes deux, nos vœux d’adolescentes,

La clarté des beaux jours, quand la jeunesse chante.

 

Oh ! Les chagrins d’amour n’existaient pas pour elle,

Car, ceux qui l’admiraient, restaient toujours fidèles.

D’ailleurs, tous ces garçons, témoins de son enfance,

De l’affection d’enfants, lui donnaient l’assurance.

 

On habitait tout près. C’était donc ma voisine,

Et je la préférais à toutes mes copines.

Sa tante, toute jeune, était devenue veuve,

Avait subi trop tôt, de très dures épreuves :

Pendant qu’elle espérait, succombaient à la guerre,

Son mari bien aimé et puis, deux de ses frères.

Par son tempérament, sincère, affectueux,

Elle souffrait beaucoup de ces malheurs odieux.

Mais malgré tout cela, elle était formidable.

Auprès d’elle, on passait des moments agréables.

Que de fois, que de fois ! Pour soulager ma mère,

Elle avait dans ses bras, un de mes petits frères.

Ces souvenirs touchants, au fond de moi, demeurent.

Il y a des moments qui plus jamais ne meurent.

 

Elle avait dix-huit ans. Oui, dix-huit ans à peine.

Après son grand soutien, me causant de la peine.

Tel un peuple en furie qui détruit une reine,

Le sort fut le bourreau de l’amie souveraine :

Après la congestion, ce fut la méningite ;

Tel un grand ennemi qui durement s’agite,

En vingt jours seulement, le mal en fut vainqueur,

Eteignant à la fois, son espoir et son cœur.

Belle comme une fleur, à l’aurore une rose,

Elle fut emportée, même avant d’être éclose.

 

J’étais bouleversée quand, en sanglots, sa mère,

D’une voix qui tremblait, mais par des mots sincères,

Me disait : « Chère enfant, ô toi que je vénère,

Après mes cinq enfants, c’est bien toi la première

De ceux que je chéris vraiment sur cette terre.

Oh ! Que de souvenirs dans mon cœur se déroulent !

Tu restes le présent, quand le passé s’écoule.

 

 

 

Poésie écrite par Anne Marie Savignoni,

en souvenir de son amie Benoite Valery (1911-1929)

 

 

Retour vers la page : Anne-Marie Savignoni

 

 

 

 

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam