Inauguration du Monument aux Morts - 29 août 1925

    Le monument aux morts de Pietra di Verde

Le Monument aux Morts de Pietra di Verde - Inauguré le 29 août 1925 - Photo prise dans l'entre-deux-guerres

 

Jean francois nicolai maire de pietra di verde 1

Monsieur Jean-François NICOLAI, maire de Pietra di Verde de 1912 à 1935

 

DISCOURS DU MAIRE

Le deux août mil neuf cent quatorze je devais à mes fonctions de maire l’insigne honneur de présider à la mobilisation générale pour la plus grande des guerres que l’humanité ait connue. Le 29 août 1925 je dois à ces mêmes fonctions l’honneur plus grand encore d’inaugurer ce modeste monument qui perpétue le souvenir des enfants de Pietra morts au champ d’honneur.

En prenant au nom de la Commune possession de ce marbre, qu’une pieuse pensée a dressé sur cette place, je dois avant tout adresser mes remerciements au Comité organisateur et spécialement à son dévoué Président le lieutenant Renucci, un glorieux mutilé de la Grande Epopée, dont vous avez tous apprécié le zèle infatigable. Je les dois également à tous les généreux donateurs et je les dois enfin au génial artiste qui a conçu et exécuté ce monument digne de ceux dont nous commémorons le sacrifice.

Mesdames et Messieurs, vous avez tous présents à la mémoire les instants pleins d’angoisse que nous vécûmes dans cette mémorable journée du 2 août 1914 et vous vous souvenez avec quel héroïque courage s’en allait vers la gloire, vers la mort, le plus clair de notre jeunesse, un couplet de La Marseillaise aux lèvres.

Et vous vous souvenez aussi de cette noble résignation qu’on lisait dans le regard angoissé des mères qui semblaient dire : « Va et ne reviens qu’avec la victoire ! ». La victoire est venue mais, hélas, tous ceux qui en furent les artisans, eux ne sont pas revenus.

Trente de nos enfants dorment le grand sommeil dans les champs qui virent leurs exploits.

Des plaines de Steenstraete aux sapinières des Vosges, sur la crête des Eparges, dans la boue de Champagne, dans le charnier de Verdun, partout où la mort passait, les enfants de Pietra ont passé, et jalonné le front de leurs corps sanglants fauchés par la mitraille.

Acteurs de la plus grande des tragédies, vous avez façonné la plus glorieuse des épopées, vous avez écrit la plus belle des pages du livre de l’Histoire, parce que vous fûtes les tenants de la plus belle des causes, celle de la liberté du monde.

Soldats de l’Yser et de Verdun, de la Somme et des Vosges, morts glorieux, morts sublimes permettez, qu’à genoux et les mains jointes, je dépose sur vos lèvres que la mort a glacées l’immense baiser de reconnaissance.

C’est le baiser de vos frères d’armes qui vécurent la tourmente et qui, plus heureux que vous, virent luire l’éclatant soleil de la victoire.

C’est le baiser de vos mères, dont les larmes ont sillonné le visage. C’est le baiser de vos fils, qui se demandent peut-être encore si vous ne reviendrez pas et c’est surtout celui de la France victorieuse et reconnaissante.

Et maintenant vous tous qui dans cette minute solennelle avez communié dans une même pensée, dans une pensée d’admiration religieuse pour ceux qui ne sont plus, puisse cette pensée, puisse ce souvenir vous rappeler les devoirs que vous dictent ceux qui moururent, pour vous préserver de la ruine et de l’esclavage.

Ils vous disent, ils vous clament, ces morts glorieux, que vous devez être unis dans la paix comme ils le furent sur le champ de carnage. Ils vous crient que votre devise doit être : « un pour tous,  tous pour un » et alors, mais alors seulement, vous aurez gagné la Paix comme ils gagnèrent la guerre, et mérité d’Eux.

 

Retour vers la page : Documents

 

 

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam